L'abbaye du Thoronet
Un monument humble et émouvant
850 ans après sa construction, l'abbaye du Thoronet continue de faire résonner le génie de ses bâtisseurs. Et de faire vibrer tout visiteur doué de sensibilité.
Au milieu de la forêt méditerranéenne, entre Cabasse et Le Thoronet, il faut imaginer la vie de la communauté qui a fondé ce monument au XIIe siècle. Il faut imaginer les moines déambulant dans le cloître, capuchon sur la tête. Il faut se les représenter s’asseyant sur le banc de pierre dans le silence absolu qu'imposait leur Ordre. Le cadre de vie des moines cisterciens du Thoronet est à l'image des valeurs qui guidaient leur existence : sobre, rigoureux, fonctionnel.
La disposition des espaces, dictée par l'organisation de la vie communautaire, comptait d'un côté les édifices réservés à la vie monastique et, de l'autre, les bâtiments destinés aux frères convers chargés d'aider aux travaux manuels. En 1136, une douzaine de moines sont dépêchés pour installer une nouvelle communauté en Provence. Il ne se fixent pas tout de suite au Thoronet. Ils établissent un premier monastère à 24 kilomètres de là, à l'est de Tourtour : l'abbaye de Florièyes. Ce fut la toute première abbaye cistercienne en Provence. La communauté trouva dans cette vallée étroite, proche d'une rivière, un site où toutes les matières premières nécessaires à la construction étaient disponibles. L'édification du monument débute en 1160 et se prolonge jusqu'en 1230. Considérée comme le plus parfait exemple de l'architecture cistercienne avant son évolution vers le style gothique, l'abbaye varoise exprime l'essence du dogme prôné par Saint-Bernard : la pauvreté, le travail, l'isolement pour la paix intérieure, mais aussi la recherche de pureté pour favoriser la relation entre la terre et le ciel.
Pour tous les architectes, le monument reste un Graal. C'est dans le cloître et dans l'abbatiale que la visite est la plus marquante. Les jeux de lumières rendent grâce à la pierre et à la beauté des lignes. Quant à l'acoustique, elle offre à la voix des hommes, sous la nef immense, un écho divin. Un miracle que l'on doit à la dureté de la roche calcaire employée pour la construction. Et selon toute vraisemblance, aux amphores insérées dans la voûte pour constituer une caisse de résonance. Classé Monument historique depuis 1840 grâce à Prosper Mérimée qui sauve l'abbaye laissée à l'abandon après la Révolution, l'édifice a fait l'objet de restaurations successives par l’État.
Abbaye du Thoronet - Tél. 04 94 60 43 96 - le-thoronet.fr